Depuis des décennies, le concept du permis à vie s’ancre dans notre société comme un symbole de liberté et de mobilité.

Aujourd’hui, l’idée d’un permis de conduire valable à vie est remise en question. Cela donne naissance à un débat sans précédent sur la nécessité d’une réglementation plus stricte et d’une responsabilité accrue.

Les partisans de la fin du permis à vie argumentent que la sécurité routière et l’évolution des technologies exigent une évaluation régulière des aptitudes des automobilistes.

Les opposants à cette idée soulignent l’importance de la liberté individuelle et de la confiance accordée aux conducteurs expérimentés. Ils craignent également une bureaucratisation excessive et des coûts supplémentaires pour les automobilistes seniors.

Les députés européens prochainement appelés à trancher la question

Les députés européens seront prochainement amenés à se prononcer sur la fin du permis de conduire à vie.

Cette proposition de loi, initiée par l’eurodéputée française Karima Delli (EELV), présidente de la Commission des Transports, veut instaurer une visite médicale obligatoire tous les quinze ans pour tous les conducteurs, sans distinction d’âge.

Un débat sur un sujet sensible qui se tiendra au niveau européen dès la semaine prochaine.

Une proposition visant à réduire la mortalité sur les routes

L’objectif énoncé est de réduire la mortalité sur les routes pour atteindre l’objectif zéro mort en 2050.

Si la proposition de loi venait à être adoptée au plan européen, cette mesure s’appliquerait inexorablement alors à la France, puisque les directives européennes doivent s’appliquer à tous les pays membres.

Une décision attendue le 27 février prochain, date à laquelle les députés européens seront appelés à se prononcer sur la question.

Dès lors, tout détenteur d’un permis de conduire serait alors tenu à une visite médicale obligatoire tous les 15 ans.

Des français pourtant favorables à une évaluation de la conduite

D’après une étude Opinionway publiée en 2021, près de 3 français sur 4 seraient favorables à un examen médical pour les conducteurs séniors âgés de plus de 65 ans. Alors qu’inversement, seulement un peu plus de 1 sénior sur 2 serait favorable à cette mesure.

Rien d’étonnant lorsque l’on sait que les conducteurs séniors sont moins impliqués que d’autres conducteurs dans les accidents mortels de la circulation. Moins de 10% contre près de 20% pour les conducteurs de moins de 25 ans.

Ils ne sont donc pas favorables à l’idée d’effectuer des stages de conduite obligatoires, et d’un permis de conducteur à durée limitée.

Des conducteurs seniors principalement visés par cette proposition de loi

Toujours d’après une étude de l’Observatoire National Interministériel de la Sécurité Routière, la France est confrontée à un vieillissement de sa population. Les estimations de l’Institut National d’Études Démographiques (INED) évoquent une augmentation démographique de 10 % pour la catégorie des plus de 75 ans d’âge entre 2020 et 2030, et de 57 % entre 2020 et 2040.

Un constat implacable alors que les statistiques routières démontrent que le taux de responsabilité des conducteurs seniors de plus de 65 ans impliqués dans des accidents mortels de la circulation, tout comme celui des conducteurs de 18 à 24 ans est supérieur à celui des autres conducteurs. Plus de 78% d’entre eux seraient considérés comme responsables selon un bilan de la Sécurité Routière.

Une dégradation des sens qui rend les usagers de la route seniors plus vulnérables

L’âge aidant, le vieillissement altère la perception visuelle et auditive des seniors. Cela entraîne une baisse de l’attention, de la vigilance et de la perception des risques.

La diminution de ces facultés explique qu’ils font partie des usagers de la route les plus impliqués dans les accidents mortels de la circulation. Ceci étant dit, même s’ils comptent pour une part importante des accidents mortels, ils en sont très fréquemment les victimes, particulièrement en tant que piétons.

Et même si l’automobile est le plus souvent synonyme de liberté et d’évasion pour les conducteurs seniors, elle n’en demeure pas moins indispensable pour ceux qui vivent tout particulièrement en milieu rural.